Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Google n’est ni méchant, ni cupide, ni machiavélique. Et c’est bien normal : Google est une chose. Les choses n’ont pas de sentiments, pas de morale, pas d’états d’âme. Le problème, c’est que nous avons donné du pouvoir aux choses. Beaucoup trop de pouvoir…

Ces choses portent un nom délicieusement poétique : les sociétés anonymes. Google en est une bien belle, une bien grasse, du premier choix, Messieurs-dames ! Comme d’autres sociétés anonymes, elle passe son temps à se gaver, comme une volaille de basse-cour. Plus elle bouffe, plus elle fait de fric, plus elle est contente. Enfin, contente n’est pas le mot, puisque Google a nettement moins de sentiments qu’un poulet aux hormones. Non, ce sont les fermiers qui sont contents, les propriétaires de la volaille : les actionnaires.

Il existe toutes sortes de volailles : poulet jaune des Landes, canard de Challans, galinette cendrée… Le business de Google, c’est quoi ? Nos données. Nous avons donc livré à ce drôle de volatile nos coordonnées, nos journaux intimes, nos photographies - même celle où vous avez mis un poireau dans le cul de votre homme, vous savez ? Google l’a déjà vue. Et nous persistons à chaque fois que Google met à jour ses conditions générales, et nous les fait signer sans que personne ne les ait jamais lues - à part les juristes d’Alphabet Incorporated (la mère-poule de Google).

Le pire, c’est que tous ces pouvoirs dans les mains d’une volaille, ça ne profite à personne. Enfin, si : à une poignée d’éleveurs, qui amassent une fortune démesurément inutile dans leur grange, mais n’ont que faire de nos données. C’est là toute l’absurdité de l’industrie de la volaille : nous sacrifions tous notre vie privée, nous y perdons tous nos plumes… Sans que personne n’en profite vraiment. Et c’est comme ça avec toutes les multinationales.

Je n’ai pas compris cela tout seul, pour être honnête. J’ai vu The Corporation, un film bouleversant - intellectuellement - en accès libre sur internet. Ce film remonte à la création des entreprises, au XVIIIè siècle, pour montrer comment ces créatures nous ont échappé. Fascinant.

Y a-t-il un juriste parmi les lecteurs de cet humble blog, pour me dire si quelque part dans le monde, une équipe travaille courageusement à redéfinir les sociétés commerciales de manière plus cohérente, à reconstruire leur personnalité juridique, de sorte qu’elles ne soient plus seulement guidées par le profit ? Elle est là, la sortie de secours, façon Chicken Run.

Je vous assure que quand leur courbe va baisser, on va vraiment morfler… Vous allez les comprendre, les conditions générales, mes poussins.

La prise de contrôle de notre monde par des objets créés par l’homme, les robots, est un thème récurrent de la science-fiction : romans, nouvelles, films, séries. Il serait temps de se rendre compte qu’on vit déjà sous la coupe d’objets créés par l’homme, d’objets dont la puissance a échappé à tout contrôle : les entreprises.

Michel de La Teigne

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