Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Laissez Mobutu tranquille ! Enfin, pas le vrai, qui aurait bien mérité cent ans de prison, mais celui-là, mon client. Qu’est-ce que ça peut faire, après tout, qu’il aime ressembler à un animal de la savane ? Chacun ses goûts.


J’ai toujours méprisé les critiques portées sur l’apparence - en particulier, l’apparence de mes adversaires.

Prenons un exemple : la couleur des cheveux de Donald Trump. Rien n’a été plus commenté sur les réseaux sociaux depuis son élection, alors que franchement, il y a d’autres reproches à lui adresser… On peut même se demander si cette teinture ne fait pas partie d’une stratégie délibérée de sa part pour détourner notre attention de son incompétence, de sa paresse (87 jours de golf en 2017), de la faiblesse de ses idées, de son incompréhension totale de la diplomatie et de son incapacité à comprendre le désastre environnemental qui commence. Franchement, face à tout cela, critiquer sa couleur de cheveux, n’est-ce pas une honteuse perte de temps et d’énergie ?

C’est pareil pour Brigitte Macron, que certains humoristes persistent à dépeindre comme une grand-mère croulante avec la voix de Jeanne Moreau. Macron exerce une politique favorable aux ultra-riches, fait la part belle à l’idéologie libérale la plus absurde, gaze les migrants quotidiennement avec nos CRS, et tout ce que Canteloup trouve à moquer, c’est les rides de sa femme ? C’est aberrant de médiocrité et de servilité.

Un dernier, tiens, Villani : pourquoi lui reprocher ses excentricités textiles ? Il y a tellement d'autres critiques à formuler sur les godillots de Jupiter... Par exemple, comment un chercheur peut-il marcher au pas de l’oie derrière un gourou ?

Du reste, les critiques sur l’apparence sont les plus fragiles au monde. Le mauvais goût ne se prouve pas par A plus B. Vous aurez beau m’expliquer pourquoi Matthieu Boogaerts est un grand artiste, je trouverai toujours ses chansons gnangnans et insignifiantes. Alors, qui a raison ? Moi aussi, j’ai du goût. On est bien avancés. Sur ce terrain, il n’y a pas de vérité. Par contre, des journalistes prouvent que les réformes de Macron sont favorables aux ultra-riches, avec des chiffres ; des scientifiques démontrent, en prenant des mesures, que les climato-sceptiques sont des ignares ; et des blogueurs teigneux mettent à jour les comportements et les idées les plus ineptes, en évitant admirablement la mauvaise foi et la facilité. Ils sont vos héros (non ?)



Les mauvaises critiques rendent service aux puissants. Ils s’en servent pour mépriser leurs détracteurs ; elles les confortent même dans leur assurance. Au contraire : regardons le pouvoir en face, prenons-le au sérieux, en lui opposant le meilleur esprit, l’ironie la plus acide, les idées les plus tranchantes, et négligeons toujours son habit. Soyons à la hauteur de l’infatuation de nos adversaires : c’est le seul moyen de les faire redescendre.

Michel de La Teigne

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