Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Ah, la nouvelle économie ! Cet eldorado où la croissance est à deux chiffres et où l’on peut aller à la cantine en toboggan ! Le tout, sans payer l’impôt sur les sociétés. N’est-ce pas le paradis ?

Faut arrêter de regarder Capital, les gars. Uber, Airbnb et BlablaCar sont des entreprises comme les autres, où règne la primauté de la rentabilité sur l’être humain.

Faut-il rappeler le principe d’Uber ? Uber vous propose des courses de taxi moins chères, en sous-payant les chauffeurs. Uber est dégagé du système de licences des taxis, ce qui est parfaitement injuste et lui permet d’être, artificiellement, plus rentable. Uber, enfin, a une image cool, parce qu’on vous y propose une bouteille d’eau, un petit paquet de mouchoirs plastifié et un bonbon.

Mais ce n’est pas Uber qui est cool ! Ce sont les chauffeurs - et je veux bien reconnaître qu’ils sont souvent plus drôles que mes confrères et moi en taxi, je suis beau joueur. Ce sont les chauffeurs qui sont gentils et payent de leur poche bonbons et bouteilles d’eau - Uber ne leur donne pas un centime pour ça. C’est une loi absolue de la nouvelle économie : on ne débourse rien, on se contente de mettre les gens en rapport. Toutes les charges sont pour le collaborateur et le client final.

Le collabo n’est pas salarié, il n’a aucune garantie de la part de la boîte, rien. Il doit seulement se plier à d’interminables règles de fonctionnement. Le modèle économique est machiavélique, avec des commissions des deux côtés : Airbnb, par exemple, arrive à capter 12% de ce que paye le locataire, puis 12% de ce que touche le propriétaire, sans jamais rien proposer d’autre qu’un site internet. Certains crient au génie… Arf ! J’appelle cela de l’argent facile.

« Un chauffeur Uber confie gagner 1 700 euros par mois en travaillant quinze à seize heures par jour, six jours par semaine. » (Le Parisien) C’est la moitié du SMIC horaire, et les ignares bavent d’admiration devant la success-story d’Uber…

Il n’y a même pas de nouveau service : dans ma jeunesse, tout le monde prêtait son appartement à des amis ou prenait des inconnus en stop. Nous n’avons jamais eu besoin qu’Airbnb nous parle d’hospitalité - quel cynisme - pour cela. Il n’y a que la mise en relation, un peu de service client, une assurance obligatoire payée par le client final qui vient grossir le patrimoine dantesque des géants de la banque-assurance, et c’est tout. Ah, oui : il y a aussi du marketing, à notre charge, pour se faire passer pour les plus grands bienfaiteurs de l’humanité.

Et le pire, c’est que ces boîtes ne payent quasiment pas d’impôt sur les milliards d’euros de chiffres d’affaires générés. Apple, Google, Uber, Airbnb et les autres… Elles nous volent chacune plusieurs milliards d’euros de services publics. Si c’est ça, être génial, allons-y franchement : comparons Bernard Madoff à Léonard de Vinci.



Les gogos de droite admirent béatement le succès des entrepreneurs, sans même en comprendre les conséquences sociales. Alors par pitié, rétablissons un peu de justice ! Soulageons-nous sur l’image de ces boîtes : elle mérite d’être aussi sale que leur blé.

Michel de La Teigne



Bonus : https://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/sur-le-radar/20170125.OBS4304/les-chauffeurs-uber-sdf-rappellent-les-cochers-de-fiacre.html

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