Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Je déteste les gens bienveillants. Je sais, je ne devrais pas : ils sont gentils, ils veulent nous aider, ils sont pleins d’empathie, gna gna gna… Le problème, c’est qu’ils sont MOUS.


C’est très à la mode, la bienveillance. Toutes sortes de gourous d’entreprises ou des médias vous expliquent qu’il ne faut plus aller au conflit, que la lutte des classes est dépassée, que nous devons travailler main dans la main parce que nous poursuivons les mêmes intérêts communs… A tel point qu’on ne voit plus à quel point nous sommes oppressés par la logique capitaliste, puis bercés par ses paroles bienveillantes.

Le prochain qui me parle de bienveillance, je lui fais boire mon huile moteur.

La « gauche » socialiste est pleine de bienveillants. A la différence de la droite qui méprise les petits, et de l’extrême-droite qui cherche juste la merde, la gauche molle a de bonnes intentions. Laissons de côté Macron-ni-gauche-ni-gauche qui termine sa psychanalyse, et n’a pas encore compris qu’il était un conservateur refoulé…

Les bienveillants croient vraiment qu’on peut donner vingt milliards d’euros par an aux entreprises, sous forme de crédit d’impôt (CICE), et qu’elles vont créer des emplois avec cet argent. Ils ne veulent pas voir que l’essentiel de cette somme a été reversée à des actionnaires sous forme de dividendes, que cela est avéré et documenté, et que même Pierre Gattaz, bénéficiaire de plusieurs millions d’euros de CICE, n’a pas créé un seul emploi, préférant tout reverser à sa famille d’actionnaires. Bienveillance, naïveté ou connerie : les frontières sont minces.

Les bienveillants croient aussi qu’on peut sauvegarder l’environnement dans un monde obnubilé par la croissance, qu’écologie et consommation de masse sont compatibles… C’est évidemment un piège à cons, puisque prisonnier d'un système obscène, notre désir de consommer est mille fois plus grand que notre empressement à réagir. En matière d’écologie, la bienveillance porte un autre nom : la reddition.

Les bienveillants ne voient pas que tout compromis est vicié par la pression du fort sur le faible, et que cette pression est inacceptable. Les bienveillants préfèrent la douceur docile à la lutte : le faible devrait se contenter des miettes, puisque ces miettes sont déjà un avantage gracieusement cédé par le fort. Les bienveillants, incapables d’indignation, sont les complices des puissants.


Quoi d’autre que la bienveillance ? La radicalité, avouons-le, échoue souvent elle aussi, parce que le système est blindé… Mais au moins, elle ne nous fait pas baisser la garde, elle ne nous endort pas. Soyons courageux : soyons radicaux.

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