Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Que Béachelle soit le philosophe le plus médiatique de France en dit long sur le renoncement intellectuel des élites de notre pays.


Allez, pour être équitable, commençons par lister toutes les qualités de Béachelle:
- une certaine constance
- une forme d'abnégation.

Franchement, si j’étais Descartes, je me retournerais dans ma tombe ; si j’étais Pascal, je parierais finalement que Dieu n’existe pas ; et si j’étais Voltaire, je deviendrais taxi pour, à nouveau, « écraser l’infâme ». Quant à mon cher ancêtre Montaigne, je préfère le laisser en dehors de tout ça, de peur d’associer son nom au risible trigramme.

Il faut rappeler le sommet de la carrière de Béachel de Béachelle: l’affaire Botul. En 1999, Frédéric Pagès, philosophe au Canard Enchaîné, publie La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, une farce sur le « puceau philosophe ». Il s’agit d’humour potache : en gros, l’étude de la sexualité inexistante de Kant serait la voie royale pour comprendre sa philosophie. Pagès l’analyse donc à travers des chapitres comme Coïto ergo sum ! Il publie son canular sous le pseudonyme de Botul - l’acide botulique étant l’autre nom du Botox, ça l’a amusé. Sous le même nom de plume suivront La Métaphysique du mou et mon préféré : Landru, précurseur du féminisme. Face à des sujets et à des titres pareils, il faut être un demeuré pour croire que Botul existe vraiment…

Pagès s’amuse à faire vivre son Botul, publiant des éléments de biographie complètement loufoques - Botul aurait, par exemple, inventé la taxithérapie, une discipline mêlant thérapie, philosophie et taxi (alors que tout le monde sait que c’est MOI qui l’ait inventée, merde !).

Que fait Béachelle en 2010 ? Il signe De la guerre en philosophie aux éditions Grasset. Et dans ce pavé indigeste, après avoir « démontré » que Marx n’a servi à rien, il s’attaque à Kant, avec des arguments aussi puissants qu’une intervention de Christine Angot chez Ruquier. Il appelle même Botul à la rescousse, Botul qui aurait affirmé lors d’une série de conférences au Paraguay que Kant était « un pur esprit de pure apparence ».

En résumé, le philosophe à la banane choucroutée en cite un autre qui n’a jamais existé, sans vérification, sans rigueur, comme s’il l’avait lu et analysé, et son texte est publié par l’une des deux plus grandes maisons d’édition de France, histoire de matérialiser noir sur blanc son incompétence aux yeux de millions de Français… Ne devrait-ce pas suffire à décrédibiliser Béachelle à jamais ?

Pas en France ! Béachelle peut compter sur ses amis dans la presse, très nombreux à lui lécher les boules. Béachelle a des relations : hommes politiques de premier plan, principales fortunes du pays, directeurs de l’information à la télé : autant d’ignares philosophiques qui l’ont hissé au sommet, et continueront à l’aider jusqu’à sa mort, parce qu’ils pensent que Béachelle est l’homme le plus brillant du monde (comme mon voisin du dessus pense que Cali est un génie poétique). Tous les vrais philosophes de ce pays ont une bonne raison d’en vouloir à Béachel de Béachelle: son copinage est tout-puissant et l’influence qu’il exerce est sans limites.


C’est peut-être cela que Finkielkraut appelle La défaite de la pensée.


La réponse à la devinette de la semaine dernière : les indices étaient Pierre Nicolas, le contrebassiste de Brassens, et Mélusine, représentée à gauche, avec les seins-fontaines... Il fallait donc trouver La non-demande en mariage, chanson en rapport avec le billet. Bravo à Frédéric S. qui a trouvé la premier !

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