Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Ah ! Le fameux « j'aime mon pays, moi ! » Ça faisait longtemps ! Mais moi aussi, j'aime mon pays, troufion gadouilleux. Je te prends quand tu veux sur une dégustation de vins français, le patrimoine littéraire national ou le sens de la Révolution de 1848. Pas besoin de marcher au pas de l'oie pour aimer son pays, Forrest Gump.


Et tu veux que je te dise ? Ce n'est même pas la première chose qui m'agace dans ton comportement. Tu vas me dire que je ne peux pas te reprocher grand-chose, parce que tu n'as rien dit d'autre. Il est là, le problème, deuxième pompe ! Dans ta réserve.

Le devoir de réserve. Quelle sublime expression, policée jusqu'à la distinction, pour dire au pioupiou de fermer sa gueule, et envelopper ce silence d'une aura de respectabilité.

Comment peut-on accepter docilement de renoncer à sa liberté d'expression ? C'est un sacrifice qui dépasse mon entendement. Rien que pour ça, je ne pourrai jamais être militaire - même dans une autre vie. Je n'arrive pas à concevoir que l'on puisse volontairement s'infliger cette punition, comme le font soldats, policiers, hauts fonctionnaires, ministres et autres poltrons.

Chacun obéit aveuglément. Voilà bien un principe que toutes les armées du monde partagent.

Dans quelle autre situation est-on réduit au silence de la sorte ? En enfance - pour notre bien éducatif, en principe - et, surtout, en dictature. En dictature, on vous impose de vous taire, d'obéir, de suivre le mouvement sans donner votre avis. La servitude volontaire des bidasses va-t-elle jusqu'à désirer cette extrémité ?

Je note en passant que lorsqu'un militaire prend le pouvoir dans un pays, toute la violence enfouie en lui par ces années de silence explose d'un coup - d'Etat, en l'occurrence. Le voilà qui impose ses vues aux autres, et distille cet amour de la démocratie observable dans tous les régimes militaires. Voilà la vertu de ce devoir de réserve : l'expression de frustrations fermentées jusqu'à la moisissure.

Oui, je suis viscéralement anti-militariste. Oui, je pense que le monde serait infiniment plus habitable sans un seul soldat, sans une seule armée, sans une seule arme, et si la poudre n'avait jamais été inventée.

Les simples d'esprit répliquent généralement : impossible ! Ce sont les armées régulières qui nous protègent des barbares. Pauvres naïfs... D'immenses crimes ont été commis par les armées régulières, et les armes n'existent que pour les armées régulières : tous les grands groupes d'armement au monde vivent des subventions des Etats, et disparaîtraient en un clin d'œil si les armées régulières n'existaient plus. Et d'où viennent les armes des groupes terroristes, d'Al Qaeda, de l'Etat islamique, de Boko Haram ? Ce sont toujours d'anciennes armes des armées régulières.


J'ai bien conscience que sans le devoir de réserve, il n'y aurait plus d'obéissance, plus de discipline, donc plus d'armées. C'est précisément ce que je veux.

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