Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


« Moins les gens savent comment les saucisses et les lois sont faites, mieux ils dorment ».Je ne peux pas résister au plaisir de citer cette saillie d’Otto von Bismarck…Il est toujours intéressant de voir comment les hommes exploitent les clichés qui les concernent eux-mêmes.

 

Ce qui m’intéresse aussi, c’est de voir comment nous, Français, exploitons les clichés sur nos voisins. Il y a ma beauferie franchouillarde de taxi décadent - que vous me pardonnerez, j’en suis certain… Mais il y a aussi ces gens sérieux, pompeusement sérieux, vous savez, ces éditorialistes des chaînes d’info qui commentent tous les faits politiques, surtout les plus insignifiants : ces gens-là n’ont rien à envier à la médiocrité de mon cliché sur la bière allemande.

Car comment parlent-ils de l’Allemagne ? Toujours de la même façon : ils louent depuis des décennies « la rigueur allemande », le supposé sérieux avec lequel les Allemands gèrent leur argent public et limitent leur dette. Cet éloge n’est rien d’autre qu’une réinterprétation du filon plus-cliché-tu-meurs de l’Allemand strict, pondéré, consciencieux de l’imaginaire collectif français. Non seulement ils éculent ce cliché, mais en plus, ils l’exploitent politiquement pour dénoncer en creux la supposée légèreté française, notre prodigalité et le coût que représenterait notre modèle social, coupable de tous les maux selon ces idéologues libéraux.

Remarquez quand même que ces babillards occultent totalement ce qui les dérange dans les réalités allemandes…En Allemagne, par exemple, l’Etat finance de façon beaucoup plus importante qu’en France le congé parental, mais ne comptez pas Brunet ou Barbier pour le dire : c’est contraire à l’idéologie libérale. L’Allemagne a aussi accueilli plus d’un million (!) de migrants lors du pic migratoire de 2015, alors que la France se plaignait d’en recevoir quelques dizaines de milliers - mais ça, Apathie et Truchot préfèrent l’ignorer. Il faut sauver le cliché du « modèle allemand », vous comprenez, pour que le téléspectateur français comprenne bien pour qui voter. Quitte à travestir la réalité, sans jamais mentir, mais en choisissant ce qu’on montre : le jeu préféré des médias.

Quand un beauf comme moi se moque des saucisses allemandes, c’est pour se sentir plus fier d’être un français gastronome, et ce n’est pas très malin. Quand un éditocrate comme Thréard idéalise la rigueur allemande, c’est idiot aussi, mais en plus, c’est trompeur et malhonnête. Or, vous savez quelle exemplarité j’exige des gens de pouvoir, et en ce sens, le beauf est toujours moins coupable que l’éditocrate. Le pouvoir s’accompagne toujours de la responsabilité de son exercice, Messieurs les pompeux cornichons : sachez-le.

Permettez-moi de saluer la mémoire de mon regretté cousin germaaaain, un fervent militant de l'amitié franco-allemande. Contrairement aux éditocrates, en voilà 3 qui savaient exploiter les clichés avec génie…

Plutôt que de toujours trouver l’herbe plus verte en Allemagne ou aux Stéïtses, je recommande aux journalistes vedettes de se pencher attentivement sur les qualités du modèle social français : si certains modernes comme Bernie Sanders en font un exemple, c’est qu’il n’est peut-être pas si mauvais.

 

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Chers lecteurs,

J’ai besoin de temps. Vous avez certainement remarqué que depuis quelques mois, les épisodes sont moins fréquents. Mon travail de taxi a été très ralenti par les événements - concrètement, il faut le double de temps de travail pour rapporter le même chiffres d’affaires. En plus de ça, il y a l’album qui doit sortir fin 2020 : c’est une excellente nouvelle, une joie immense! Mais c’est aussi une somme de travail qui m’est imposée : refaire une grande partie de mes bd pour uniformiser les formats, reprendre beaucoup de dessins, réécrire les textes pour les soigner… Je veux que cet album soit le meilleur possible ! Et c’est beaucoup d’ouvrage.

Tout ça pour dire que cet épisode est le dernier de la saison : j’ai besoin de travailler cet été, pour vivre et pour mon album. Je prendrai aussi deux semaines de vacances, si vous me le permettez, parce que c’est le modèle français ;-)

Je sais bien que je vais vous manquer affreusement, mais nous nous retrouverons pour le 156ème (!) épisode très bientôt. Et rassurez-vous, mesdames, je continuerai à lire vos déclarations d’amour et vos demandes en mariages, toujours plus nombreuses. Je sais bien que « je rêve de prendre votre taxi, Michel ! » est une métaphore sous vos plumes, mais je ne peux pas en choisir une seule parmi vous toutes, hélas ! Tel un Mike Brant de la bd ou un Jésus du XXIème siècle ? non c’est trop un Julio Iglesias de l’embouteillage, j’appartiens à tout mon public.

J’essaierai de vous envoyer une carte postale en août, et je répondrai toujours à vos e-mails, tout l’été, c’est promis. Profitez de cette période pour parler de moi à vos familles, à vos amis, maîtresses et amants.

A très vite !

Michel de La Teigne

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