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Femme-poisson : nom féminin composé, indiquant la transformation progressive d’une femelle de l’espèce homo sapiens en crâniate non tétrapode, c’est-à-dire en poisson.


Femme
Femme-poisson
Poisson

J’en ai rencontré un paquet dans mon taxi, des femmes-poissons. Depuis trente ans que j’exerce, leur nombre est en augmentation constante. La femme-poisson se reproduit très vite en milieu urbain. A Paris, elle tend à devenir une espèce envahissante, voire nuisible.

Qu’est-ce qui peut bien motiver ce désir de changer d’espèce ? Eh bien, c’est étonnant, mais la transformation progressive de la femme en femme-poisson est une stratégie d’accouplement. Les femelles qui pratiquent ce mimétisme espèrent ainsi séduire des hommes plus jeunes - comme si les jeunes hommes étaient sexuellement attirés par des poissons… Cette recherche effrénée d’accouplement constitue un objectif partagé par d’illustres cousines des femmes-poissons : les femmes-cougars.

Il est à noter que beaucoup de femmes-poissons ont passé l’âge de procréer. Pour elles, l’accouplement n’est plus l’occasion de transmettre ses gênes : il incarne simplement le désir désespéré de plaire. Comme souvent chez l’être humain, les fonctions vitales sont détournées au profit de mécanismes de survie psychologique. Plaire aux hommes, mais aussi se plaire à soi-même : voilà le but des femmes-poissons. Se prouver qu’on est encore attirante, qu’on dispose des mêmes armes que les femmes fertiles : des lèvres lippues, des pommettes derrière les yeux, des seins qui lévitent. En se prouvant qu’elle est encore belle à regarder, la femme-poisson cherche à échapper au vieillissement, dont la dernière étape est invariablement la mort.

Que cette tentative de mimétisme soit toujours un échec, là n’est pas la question : certaines femmes-poissons pensent avoir réussi, et cela suffit à leur bonheur - jusqu’à l’opération suivante. Non : l’aspect le plus intéressant de ce phénomène réside dans la motivation de ces créatures, dans leur désir le plus profond, plus profond encore que leur envie de bite : leur désir d’échapper à la mort.

Mais on n’échappe pas à la mort ! C’est une évidence que nous autres humains aimons oublier. Les femmes-poissons voudraient s’empêcher de vieillir, les despotes de tous pays se font construire des mausolées par Vinci et par Bouygues, et les illuminés de toutes les religions croient en la vie éternelle… Mais ils vont tous crever. Et plus tôt qu’ils ne le croient ! D’ailleurs, quand un de ces énergumènes traverse mon taxi, j’aime bien lui rappeler, que malgré son arrogance, son complexe de supériorité ou sa foi stupide, il va crever comme une merde.


Alors vivons sans botox, bordel ! Et jouissons, jouissons, du mieux que nous pouvons ! Tant que nous sommes encore debout.

Michel de La Teigne

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