Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Je sais bien qu’elle ne m’aimera jamais. Un intello comme moi est toujours vu comme un ami de bon conseil, jamais comme un amant… C’est le drame de ma vie.


Dommage. J’ai raté beaucoup d’histoires d’amour à cause de ça. Parce que j’étais le confident, parce que j’écoute, parce qu’on a envie de me faire confiance. Beaucoup de gens — le plus souvent des femmes, il me semble, mais mon expérience vaut ce qu’elle vaut — considèrent qu’un ami ne peut pas être un amant. Je n’ai jamais été de cet avis.

Les trop rares histoires d’amour qui ont parsemé — je devrais dire « clairsemé », pour être honnête — ma vie m’ont offert des relations complètes, totales, dans lesquelles il m’a semblé un instant avoir en face de moi une amante, un être chéri, une âme sœur, une amie précieuse, une confidente, un soutien, un mentor, une partenaire de jeu, une sœur idéale, une cousine favorite, une compagne de vie — et de survie dans un monde trop cruel — tout cela à la fois, dans le même corps. Je n’ai jamais considéré qu’il puisse y avoir une barrière entre ces rôles. Car il s’agit bien de rôles, que nous jouons les uns envers les autres, pour tenter de donner un sens à tout ce chaos.

Mes instants d’amour ont été trop courts, mais je ne regrette rien : « ce qui est pris est pris », disait tata Nicole, et le souvenir d’un authentique moment de bonheur est en soi une expérience heureuse, qu’il faut savoir savourer.

Alimatou ne m’aimera jamais, je m’y résigne. Parce qu’elle me voit seulement comme un ami gentil, et parce que je désire sa beauté et sa jeunesse comme des fruits défendus… Mais moi, Michel de La Teigne, quelle jeunesse et quelle beauté pourrais-je lui offrir ? Je pourrais être son père — si j’étais noir ou si vous étiez aveugle. Mais je ne veux pas. Même si elle me le demandait, je refuserais d’être pour elle un père de substitution… Je veux un autre rôle, qu’elle ne m’offrira jamais.

Même Disney s’est résigné à ce que ces deux-là ne finissent pas ensemble. C’est mort, je vous dis…

Alors pourquoi continuer à y croire ? Pour me sentir vivant ? Pour avoir l’impression de n’être pas tout à fait mort, effacé, consumé ? Sans doute. C’est humain.


Il y a aussi autre chose. Je crois que j’aime trop les histoires, et que notre rencontre serait trop belle, si elle aboutissait, pour que je renonce à l’imaginer. Les histoires sont plus belles que la vie, parce qu’elles ont du sens, elles. Mon goût des histoires me perdra.

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