Je la trouve très attachante, cette Féline. Même si elle va finir par me tuer, entre Dalida et Mike Brant… Je trouve sa liberté vivifiante.
Un sac à main pour hommes. Une femme avec une bite. Un garçon maquillé. Des cheveux longs et des muscles. Une barbe de trois jours et une jupe. Pourquoi pas ?
S’il y a bien un terrain sur lequel la jeunesse de 2021 ratatine ma génération, c’est celui de la liberté de genre. Je ne crois pas qu’on puisse aller beaucoup plus loin que certains jeunes d’aujourd’hui quand je les vois revendiquer leur différence, la singularité de leur identité et de leurs désirs. Et c’est formidable… Ils ont au moins cette liberté que nous n’avions pas.
Car les temps sont durs pour la liberté sexuelle. La parenthèse enchantée s’est refermée depuis longtemps, hélas… Si j’étais né un tout petit peu plus tôt, j’aurais pu en profiter. Eh oui, les padawans ! Nous, les croûtons, nous avons connu une bouffée délirante de liberté. Quand la pilule a délivré la femme, et avant que le sida ne se développe, il y a eu quelques années de folie… A l’époque, Marc Bolan et David Bowie n’avaient pas peur de se maquiller et de porter des collants, des paillettes et des bottines. Et on pouvait baiser qui on voulait, sans peur et sans capote. Ça sentait le sexe partout, et sans Tinder, bande de morveux.
Quelques années plus tard, Queen a créé I want to break free, mais c’était le chant du cygne. Bien sûr, Freddie était très séduisant avec ses bas résille, son petit haut rose et sa moustache, mais la fête était finie. Trois ans après, il savait qu’il était malade ; sept ans après, on avait perdu le plus grand charisme de l’histoire du rock.
La liberté de genre que nous avons collectivement conquise, nous, adorateurs de Bowie et de Queen et vous, fanzouzes de Bilal Hassani, n’est pas acquise pour toujours. Méfiez-vous. Nous ne sommes pas à l’abri d’une vague réactionnaire qui réprimerait demain les transgenres, les homosexuels, toutes les personnes qui affirment leur liberté dans la différence. Ça peut arriver, même en Europe. Les Polonais en savent quelque chose ; là-bas, pas si loin, liberté de genre et liberté sexuelle fondent à vue d’œil.
Il faut continuer à réclamer plus de droits, plus de respect, quelle que soit votre identité. Attention : cela ne signifie pas que Conchita Wurst ou Bilal Hassani aient un talent quelconque ! Pouvoir critiquer leur production au même titre que les chiures de Jul ou les brames de Shy’m, c’est défendre l’idée qu’ils sont précisément… comme tout le monde.