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Amadeus !

Comme j’idolâtre ce film. Un Mozart spontané, puéril et génial, en un mot crédible pour quiconque ne comprend pas comment un tel artiste a pu exister – rappelons qu’il a écrit sa première symphonie à huit ans tandis qu’à eux deux, Bigflo et Oli signent des bouses innomables du haut de leurs soixante berges. Une réalisation sublime, une construction fascinante, des personnages plus mémorables les uns que les autres. Et un méchant envieux, jaloux, pervers, mais tellement humain, tellement sincère dans son admiration du maître, qu’il en ressort grandi et qu’il a bien mérité son Oscar du meilleur acteur. Si vous ne l’avez pas vu, n’attendez pas davantage !


Mélomanes de tous pays, artistes en mal d’inspiration, simples curieux aimant le beau, dévorez Amadeus.


Le film fait néanmoins l’impasse sur un personnage historique peu connu : Maria Anna Mozart. Il faut faire des choix et je n’en veux pas à Miloš Forman, mais une amie me l’a très justement fait remarquer : la sœur cadette de Wolfgang portait, elle aussi, la marque du génie. A 7 ans, sous l’autorité du violoniste paternel, elle semble aussi douée que son frère : prodige du clavecin, compositrice, elle les accompagne dans des tournées couronnées de succès. Seulement, née femme comme la moitié de l’humanité, on lui fait savoir que son destin est de se marier et qu’il ne convient pas à son sexe de se produire en public. On lui interdit d’écrire. Ses compositions, dont Wolfgang fait l’éloge dans leur correspondance, ont sombré dans l’oubli.

Je n’ose comparer mes petites crottes dessinées à la moitié du talent du père de Mozart. Mais je rêve, comme chaque tonton digne de ce nom, que ces petits étrons inspirent un jour à mon Alice quelque œuvre géniale. Ma nièce chérie, tu as le ferment de l’insolence, une insolence authentique dont le monde a besoin. Comme me l’a dit mon dernier professeur de philosophie après s’être arraché les cheveux jusqu’au dernier à cause de moi : « Vous êtes insupportable, Michel ! Une vraie teigne. Mais n’abdiquez jamais de votre esprit critique. »

N’abdique jamais, Alice ! Le monde qui vient est propice à l’insolence et à la révolte. Je pense en particulier aux Soulèvements de la Terre et plus largement à tous les militants du climat… Réduits à l’état de nécessité pour défendre la vie, ils n’ont pas d’autre choix que de s’opposer frontalement au capitalisme, à la liberté d’aller et venir des nantis, et à l’état de droit — encore que le droit soit souvent de leur côté et l’illégalité du côté de l’Intérieur. Alice, sois des leurs, sois de ceux qui participeront à les armer. Je ne peux te souhaiter de meilleur destin.

Ceci est mon testament moral et tu en es l’exécutrice.

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