Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Eh oui, toutes les bonnes choses ont une fin…


Je suis arrivé au bout de mon chemin de création. Je n’ai plus rien à dire. Je crois même que j’ai commencé à radoter il y a quelques pages et je m’en excuse.

Contrairement aux Inconnus ou à Michel Sardou qui refusent de quitter la scène, je préfère partir avec dignité. Les premiers, que j’ai adorés, se croient encore drôles, et tentent de gâcher nos souvenirs dans des fictions indigentes sur TF1. 


Non. Gardez intacts nos rires passés, Messieurs.


Quant à Michel Sardou, un très bon chanteur du siècle dernier — aux goûts contestables, il refuse le ramollissement de son organe et se perd dans des considérations politiques dignes de Pascal Praud. Ce ne sont que deux exemples pour montrer qu’on ne peut pas être et avoir été. Tout le monde n’a pas la chance de mourir au faîte de sa gloire son talent comme Mike Brant Nick Drake. Quand on continue à vivre, il faut tôt ou tard accepter de laisser sa place et de contempler ce qu’on a fait.

Les artistes ont ceci de différent qu’ils meurent lentement, tandis qu’ils sont encore vivants. Le corps, la voix, les mains, la créativité s’émoussent et perdent en agilité ; les danseurs tombent les premiers, puis les chanteurs, les comédiens, les musiciens… Quelques intellectuels chanceux qui ne savent rien faire de leurs mains – écrivains, poètes, scénaristes – profitent du miracle une poignée d’années supplémentaires, avant qu’Alzheimer ne les terrasse. La mort nous guette et nous ronge, et je suis souvent étonné de ne pas ressentir de tristesse au décès de mes artistes préférés, ayant déjà constaté l’extinction de leur créativité bien avant la combustion de leur enveloppe charnelle.

Je vais plutôt bien, médicalement parlant. Mais je préfère tirer ma révérence et vous laisser le souvenir de bons épisodes – vous jugerez ; en tout cas, j’ai fait de mon mieux. Si j’osais, mais ce serait prétentieux, je citerais Voltaire – qui, lui, feignait l’humilité : j’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage.


Quant à savoir si la création a des vertus thérapeutiques comme le dit ma psy, autrement dit si la fabrication de cette bande dessinée a soigné mon âme de taxi frustré par la vie… Je me contenterais de citer un autre grand philosophe, Patrick Montel : alors, peut-être.

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