C'est mignon que Gérard écrive des fake news - qui ne trompent que lui - dans son encyclopédie... Mais c'est du pipi de chat à côté de celles qui ont fait élire Trump et Bolsonaro.
De toute évidence, notre monde a un différend à régler avec la vérité. La puissance des médias est telle, que personne ne peut plus contrôler la source et la destination d'un discours. Et quand je parle des médias, je ne parle ni du Monde, ni de BFM TV... Les sociologues ont reconnu que le principal média d'information des Brésiliens est aujourd'hui Whatsapp. C'est un désastre, c'est absolument incontrôlable, et ce sera bientôt comme ça partout.
Aux débuts d'internet - il n'y a pas si longtemps, les jeunes - on pensait que la facilité d'accès à l'information instruirait tout le monde, qu'on ne pourrait plus rien ignorer, puisqu'il ne serait plus besoin d'acheter des encyclopédies en vingt volumes pour savoir tout, tout de suite. Personne n'avait prévu que l'ignorance et les mensonges se répandraient plus vite que la connaissance. Savoir demande un effort, des vérifications, de l'esprit critique ; croire un mensonge est beaucoup plus facile. Cela n'exige rien de vous, si ce n'est d'être crédule. Je suis désespéré de constater que la plupart des amis de mon âge colportent des fake news toute la journée sur Facebook... Même mes potes ingénieurs et cadres supérieurs ! Partout, ils répandent eux-mêmes de fausses informations, sans que Steve Bannon n'ait à lever le bras droit en criant Heil le petit doigt.
C'est bien le problème, d'ailleurs : les gens sont majoritairement crédules. Ils sont les seuls coupables de l'effet boule de neige des fake news. Qu'une poignée d'individus créent de fausses nouvelles ne poserait pas de problème si l'esprit critique était monnaie courante. Malheureusement, la société de consommation éteint tout questionnement chez la plupart d'entre nous : nous sommes trop occupés à acheter, à nous divertir, à subvenir à nos besoins nouveaux.
Je suis très pessimiste quant à l'évolution de la qualité de l'information dans les années à venir... Quand je vois que Libération en est réduit à mendier son pain auprès de Facebook pour faire du factchecking à la demande, j'ai envie de pleurer sur la tombe du journalisme.