Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Toute la vie des sociétés actuelles s'annonce comme une immense accumulation de divertissements. Cette phrase rend hommage à Guy Debord qui, lui-même, rendait hommage à un très grand penseur - je vous laisse chercher, c’est instructif.


Dans les pays riches, nous passons de plus en plus de temps à nous divertir. C’est un fait. Et c’est évidemment une bonne nouvelle : nous ne sommes pas nés pour travailler, contrairement aux incantations de pisse-froid comme Sarkozy (paix à son âme, je crois qu’il est vraiment mort, cette fois) et Macron, chantres de « la valeur travail », cette grossièreté pour nous dire « bosse et ferme-là ». Etymologiquement, le travail est une torture, ce qui correspond assez bien à la vie d’un téléconseiller en centre d’appels ou d’un éleveur de vaches. Pour d’autres, plus chanceux, dont la nature du travail n’est pas aussi pénible - en tant que taxi, je ne m’estime pas trop mal loti - les horaires à rallonges et l’exigence de productivité constituent tout de même une aliénation.

Nous travaillons moins qu’hier ; nous avons davantage de temps de loisir. Le slogan « 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de repos » de l’entrepreneur communiste - ça a existé - Robert Owen en 1817 ne réclamait pas autre chose ! C’est un immense progrès social que de se libérer de l’aliénation du travail, c’est même un des aboutissements de la civilisation, d’être passé de l’état de survie à la jouissance de la vie.


Regardez, c’est ça, la vie ! Une évasion, un bon réveillon, un procès aux prud’hommes pour gagner des millions. Pourquoi travailler, hein ? Crédits photo et homard : de Rugy.


Mais - il y a un mais, vous vous en doutez - le divertissement, c’est aussi le meilleur moyen qu’a trouvé le capitalisme pour nous faire consommer, des choses dont nous n’avons généralement pas besoin (voitures de sport, articles de modes, séries sans intérêt, jeux vidéo…), en tout cas pas dans de tels volumes. Cette stratégie assure aux possédants un avenir prospère et une concentration des richesses dans leurs mains obèses et velues. 

Et s’il n’y avait que ça… Le problème prioritaire, aujourd’hui, vous le savez, c’est la situation écologique mondiale. Cette situation nous interdit de ne faire QUE nous divertir. C’est chiant, je veux bien le reconnaître et passer pour un père Lamorale, mais c’est comme ça : il faut aussi consacrer, chacun, une partie de notre temps à nous engager.

Je vous le dis à regret : moi aussi, je préférerais passer tout mon temps à dessiner et à lire (comme l’autre à jouer au plombier sur sa console). C’est toujours difficile de résister au plaisir du divertissement, et parfois, je cède. Mais ne perdons pas de vue ce que la Terre est en train de perdre, en termes de biodiversité, de capacité de régénération, d’habitabilité. Gardons ça à l’esprit, ne tombons pas dans le luxe de l’insouciance absolue.

Je ne crois pas au devoir national - les nations ne méritent pas d’être défendues par le sang, c’est une idée barbare et dépassée. Mais je crois au devoir humaniste, et à la responsabilité écologique qui nous impose aujourd’hui de nous battre - comme hier nous l’imposait l’existence de l’esclavage ou de l’apartheid.


J’évoquais plus haut la loi des trois 8 : 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de repos. Avec l’évolution des consciences politiques, il me paraît juste aujourd’hui de dédier 1 heure de son temps de loisir quotidien à un engagement moral, écologique, solidaire ou citoyen.


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Cet épisode a été réalisé à la suite d’un tip très généreux du père de la victime. Qu’il en soit remercié ! Vous aussi, prêtez-vous au jeu.  www.tipeee.com/micheldelateigne


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