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Si j’étais un de ces salauds de beaux gosses qui ont la chance de baiser souvent, je dirais que je suis sur le point de me la faire… La vérité, c’est que j’ai juste son prénom. Bon. C’est déjà ça.



Je ne vous dirai pas en quelle année j’ai baisé pour la dernière fois. Comme toi peut-être, lecteur moche ou trop timide, et comme des millions de gens en France, je ne baise pas souvent. Toi, tu en as peut-être honte, la plus grande honte de ta vie. C’est difficile d’en parler, de l’admettre en public, parce que le sexe est partout : dans les revues pour hommes, les magazines féminins et même les publicités pour les yaourts, où des « comédiennes » sucent des cuillères pleines de foutre laitier avec dévouement jusqu’à la prise parfaite, celle qui augmentera de 2% de la part de marché de Danone. Le sexe est partout ; s’il n’était que dans le porno, il n’y aurait aucun problème. Le porno, c’est le sexe qu’on va chercher, volontairement. On répond à une pulsion. Il y a évidemment des choses qui ne vont pas, dans le porno… Mais le vrai problème, ce n’est pas le sexe qu’on va chercher, c’est celui qui s’étale en double page et en 4x3, qu’on subit dans la rue, dans les bandes-annonces avant un film et même dans la salle d’attente du médecin. Ce sexe subi nous maintient dans une tension permanente, il devient un devoir impérieux, une case à cocher sur nos petites fiches d’êtres parfaitement épanouis.

Rendons hommage à Burger King, Club Moving, Voodoo et Virgin… En fait, non : rendons hommage aux anti-pubs, qui le méritent vraiment.

On peut tout à fait vivre sans sexe. Certains prêtres… Pardon, pardon aux victimes, ce n’est pas le meilleur exemple. Mais enfin, on peut tout à fait vivre sans penser à baiser toutes les 7 secondes et sans avoir de compte Grindr. Ça permet même de remplir sa vie de choses assez intéressantes. Tant que le sexe sera une arme de marketing pour nous refourguer toutes les camelotes des sociétés commerciales, on restera les esclaves de notre bite et de notre chatte. Et le mal est là, vraiment : pas dans la pornographie. Le porno n’est qu’une manière d’assouvir ses pulsions bestiales, parmi d’autres  : pratiquer la lutte libre, aller aux putes ou baiser sa femme.

L’ennemi est dans la pub. Ils sont prêts à tout pour nous faire payer leur merde, et c’est ça qui modifie profondément nos comportements. Ils utilisent notre aptitude au plaisir sexuel constamment. Les hommes en ont longtemps été les seules victimes, parce que le plaisir des femmes était ignoré. Mais ça y est : au XXIe siècle, les femmes ont aussi la joie d’être considérées comme des clitos sur pattes - et après tout, anatomiquement, un clito n’est rien d’autre qu’une petite bite, on le sait aujourd’hui. Regardez bien : même une journaliste de CNews vous annonçant un attentat en Irak est filmée de manière sexuelle, en contre-plongée, avec ses jambes nues au premier plan. La moindre image est supposée nous capter, nous maintenir sur tel média plutôt que sur tel autre, parce que nous sommes un produit, nous aussi : le produit qui va leur permettre de mieux se vendre aux annonceurs.

On ne pourra rien y changer tant que des intérêts financiers dirigeront le monde, sans scrupules. Ce qui risque de durer assez longtemps, la révolution n’étant pas une option envisagée par les amateurs de Cyril Hanouna.



Je ne baise pas beaucoup, mais au moins, ça me laisse du temps pour réfléchir.

Michel de La Teigne

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