Vous êtes tous prévenus : pas la peine de chercher à fumer dans mon taxi. Allez-vous en griller une chez Uber, si ça vous amuse ! Mais pas chez moi. Je suis déjà très gentil de partager le peu d’oxygène de Paris avec des crapoteurs en tout genre.
Ben oui. Parce qu’on vous subit, figurez-vous, nous, les non-fumeurs. A tous les niveaux. Dans les taxis, encore, on sait dire non, mais les petits jeunes qui conduisent des Uber se sentent obligés de dire oui, pour ne pas avoir de mauvais commentaires… Alors que c’est leur lieu de travail qui va sentir la cendre froide, pas le vôtre. Et si vous ouvrez grand pour fumer à la fenêtre, votre chauffeur va attraper une pneumonie, mais vous vous croyez roi quand vous êtes le client, hein ?
Le tabagisme passif existe vraiment, les gars. Ce n’est pas une légende : il tue 600 000 personnes par an dans le monde… Et même en France, malgré l’interdiction de fumer dans tous les lieux de travail, il y a des gens qui n’ont rien demandé et qui vont se retrouver un jour avec un infarctus du myocarde, parce que la législation n’est pas respectée. Où ça ? Dans les cafés, par exemple : toutes les terrasses de cafés parisiens sont aujourd’hui bâchées 8 mois de l’année, pour permettre aux fumeurs de s’en griller une au chaud et sous un brasero, dans un espace totalement fermé, dans l’illégalité la plus totale. TOUS les cafés parisiens branchés sont bâchés. Vous avez pensé à Jeanne, ma nièce de 19 ans qui est toute contente d’avoir décroché son premier boulot comme serveuse ? Hein ? Ça me débecte.
On paye pour les fumeurs aussi, et pas qu’un peu… On s’appauvrit pour eux. Les taxes sur le tabac rapportent à l’Etat 12 milliards d’euros par an, alors que le coût social du tabac est de 48 milliards… Le quadruple ! Tous les non-fumeurs financent les soins et l’absentéisme de quelques ados boutonneux qui n’ont pas su dire non à leur première cigarette, et se retrouvent depuis pris au piège d’un produit inutile et dangereux. C’est l’équivalent de 1 000 € qui sont payés chaque année par chaque foyer fiscal, au lieu de ne faire payer que les fumeurs. Toi, moi, nous payons 1 000 € d’impôt en plus chaque année pour les fumeurs…
Mais ayons pitié d’eux, quand même : ils sont les premières victimes de leur comportement. On ne va pas appeler au meurtre d’une catégorie de personnes qui est déjà cernée par le cancer du poumon, l’asthme et l’infertilité… Ce serait vache. C’est le tabac, l’ennemi, pas les fumeurs.
C’est même l’industrie du tabac, pour être plus précis : un consortium financier qui a vendu de la liberté et du rêve à la Terre entière, pendant des décennies, en infiltrant les gouvernements, les parlements et le monde du cinéma… Tout en farcissant littéralement ses produits de saloperies toxiques visant à les rendre plus addictifs. C’est à eux qu’il faudrait adresser la facture : les fumeurs ne sont que des personnes qui ont manqué de caractère, à un moment donné, et le payent très cher - trop cher - le reste de leur vie. Ah oui, il y a bien quelques originaux qui aiment le goût du tabac comme on aime le chocolat, et vous disent qu’ils ne fument pas par faiblesse mais par désir libre et éclairé… Mouef. Pas convaincu qu’ils garderaient le même désir en payant l’intégralité de la facture qui leur incombe : 30 € le paquet de cigarettes. Le prix d’une salade de tétines de vache et d’une demi-rate poêlée chez Ribouldingue (c’est dégueulasse).
Et si vous êtes assez riche pour ne pas trouver ça cher, 30 € le paquet, alors pensez à ma Jeanne : je voudrais juste ne pas avoir à la visiter en pneumologie à l’hôpital Necker. Merci.
Michel de La Teigne