J’ai horreur des gens qui rechignent à payer des impôts. Défiscaliser, pour moi, c’est le plus grand signe d’égoïsme au monde. Et c’est comme pour les pourboires : les plus riches sont toujours les plus radins.
Vous allez me dire que celui-là fait entorse à la règle, puisqu’il m’a laissé 16€ en plus. Que nenni ! Il ne s’agissait pas d’un pourboire, mais d’une tentative d’investissement. Il pensait que ma femme l’appellerait plus vite, et l’aiderait à voler 175.000 € à l’Etat. Désolé, mec : les types comme toi font parfois de mauvais investissements.
Je ne sais pas ce qui est pire, entre la radinerie de ces gens-là, et leur incompréhension profonde de ce qu’est une société. Ils ne comprennent pas que si on veut vivre ensemble, que si on veut partager le même air, la même eau, les mêmes valeurs, il faut aussi partager les ressources financières. Ils ne comprennent pas qu’il faille financer un certain nombre de services publics pour améliorer notre vie à tous - y compris la leur : ils sont bien contents de profiter de la Sécurité Sociale française, des écoles françaises, des médias français. Ils pensent que les impôts sont une confiscation, alors qu’il s’agit de financer ensemble des projets d’utilité sociale.
Par contre, quand il s’agit de mettre des millions dans de la pierre inoccupée ou une bouse d’art contemporain, ils sont partants ! Pourvu que ce soit bien rentable, et que ça permette d’échapper à leur Satan personnel : l’impôt. Et si vous leur proposez de soutenir le Rotary Club, le Lion’s Club ou la Franc-Maçonnerie, ils seront ravis de donner une partie de leur fortune - d’abord, pour la défiscaliser, et ensuite parce que l’argent appelle l’argent… Ils espèrent toujours récupérer ça plus tard, sous la forme d’un apport d’affaires ou d’un arrangement lucratif. Bref, ils ne donnent jamais, ne partagent rien, et leur éducation civique est aussi minuscule que leur cupidité est immense. Je ne veux pas mettre tous les riches dans le même panier, il y a des exceptions… Paraît-il.
Moi qui paye mes 500 € annuels d’impôts en souriant, ces gens-là, je les compisse. Un jour, j’en séquestrerai un et je lui tatouerai « J’aime l’impôt » sur le torse.
Michel de La Teigne