Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Ah, Namouri ! Tu m’as immédiatement fait penser à un autre cuistre, notre grand’cuistre national : BHL. Ce « philosophe » - ça veut dire « amateur de sagesse », on le rappelle - entarté par surprise il y a quelques années, avait répliqué très naturellement au joyeux entarteur, maintenu à terre par son molosse en costume noir : « Lève-toi, ou je t’éclate la gueule à coups de talons ! » La voilà, la sagesse du philosophe lorsqu’il n’est qu’un cuistre.


Et BHL n’est rien d’autre qu’un cuistre, comme le disait le regretté Pierre Desproges - un authentique intellectuel, lui. La cuistrerie est proportionnelle à l’importance accordée aux cuistres par les non-cuistres qui les entourent. La cuistrerie de BHL, philosophe officiel du magazine Le Point et des chaînes d’info, crétins de journalistes qui voient en lui l’équivalent de Montaigne, est donc inégalée. La tienne est en bonne voie, Namouri, depuis que tu as été nommée professeur d’éthique d’une prestigieuse école de commerce, et que chacun pense donc que tu vas moraliser l’économie avec tes petites phrases.

Les élèves de première année doivent certainement ricaner dans ton dos, avant de devenir complètement cons à force de cours de marketing et de croire, dès leur deuxième année, qu’il y a une éthique dans le business. Une éthique dans le business… Sérieusement, Namouri. C’est comme si l’on prétendait qu’il y a des légumes verts dans le cassoulet.

L’éthique n’a évidemment pas sa place dans tout ce qui ressemble à une entreprise, à une école de commerce ou pire, à une boîte de conseil. Et pour une raison très simple : le monde du business est constitué de « personnes morales » - il faut reconnaître que le mot « morales » est très mal choisi - les sociétés anonymes, dont l’objectif est l’enrichissement financier. C’est le but et le principe de base de toute société commerciale. On peut compiler les statuts de toutes les entreprises du monde, on n’y trouvera pas un mot sur l’éthique, pas une phrase philosophique, pas une ligne sur le sens de la vie. Dans les campagnes marketing de ces entreprises, on en trouvera, des conseils moraux à deux balles, ça oui (Think different, L’énergie est notre avenir, Ressourcer le monde…) mais c’est de l’affichage, des déclarations d’intention, du vent soufflé pour nous faire acheter et nous faire adhérer. Dans les statuts d’une entreprise, pas une ligne de philosophie. Jamais. Et ce sont les statuts qui définissent l’intérêt suprême d’une entreprise, pas son marketing qui a une tout autre fonction : la propagande.

L’argent n’a pas d’éthique. C’est simple. Si Volkswagen ment sur les qualités environnementales de ses moteurs, si Findus met du cheval dans ses lasagnes, si les banques font racheter leurs milliards d’euros d’erreurs par nos impôts, c’est parce qu’ils s’en foutent, de l’éthique ! Ils s’en branlent comme de la faim dans le monde. Ce n’est pas leur business.

Chaque fois qu’une entreprise nous parle de valeurs, c’est une tartufferie. BP met des dauphins dans ses spots publicitaires : bouffonnerie ! Coca Cola sponsorise la Coupe du Monde de football : pantalonnade ! EDF remplit sa communication d’éoliennes : mystification ! Ils sont les premiers responsables - et les premiers irresponsables - du désastre écologique et sanitaire qui nous précipite au fond de l’abîme. Ils utilisent les apparats de l’éthique, de la réflexion, des valeurs pour maquiller leurs crimes, comme des tueurs professionnels le font avant l’arrivée de la police. Et à cause de leurs efforts de propagande, on a l’impression que tout va presque bien, que l’état de la planète n’est pas si grave, qu’on peut encore continuer un peu sur la même voie, alors que nous sommes déjà plongés dans l’irréversible.

La propagande
La réalité
L’éthique dans le business : une supercherie monumentale. Mais les cuistres osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

Pour trouver de l’éthique, ma chère Namouri, une éthique authentique, il n’y a que deux chemins : la religion et la philosophie. La religion propose une éthique surannée et interdit de la remettre en cause : c’est une éthique-prison. La philosophie propose à chacun de se poser des questions et de réfléchir par lui-même : c’est une éthique-liberté. On notera que la prison est parfois plus confortable que la liberté, d’où son succès. Mais une chose est absolument certaine : il n’y a pas d’éthique possible là où règne le marché, malgré les efforts de toutes les Namouri du monde.



Soldats du capitalisme, rompez : vous n’aurez que l’argent du beurre, et c’est déjà cher payé.

Michel de La Teigne

Newsletter :

Me soutenir :

Partager :

 |   |