Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


19.000 € par mois. Samuel Etienne touche 19.000 € par mois pour 5 journées d’enregistrement. 5 dures journées à se faire pomponner et à lire des fiches. C’est peu. Eh oui : Julien Lepers touchait 40.000 € pour le même travail.


Dans un pays où un prof ou une infirmière valent 1700 € bruts, il n’est pas besoin d’être champion de Slam pour constater l’indécence. Ils disent : il y a un marché, si on veut de bons animateurs, c’est le prix. TF1 paye plus. 125.000 € pour Jean-Luc Reichmann et son jeu miteux qui lubrifie bien le cerveau avant le JT de Pernaut. Indécence n’est pas un mot assez fort, et j’ai envie de citer Sarkozy :

« Quelle indignité ! »
(Je vous ai mis la tête qu’il fait intérieurement quand il se fout de notre gueule.)

Ces salaires sont la conséquence d’une starification délirante de la part des médias. L’utilité sociale d’un jeu de questions-réponses à la télévomision est bien moindre que celle d’un fonctionnaire de la santé ou de l’éducation. Je vais vous surprendre : même une maman - et Dieu sait que j’ai du mal avec les mioches - est plus utile que Patrick Sabatier. Mais le pire n’est pas là.

Le pire, c’est la complicité des téléspectateurs, qui en redemandent. Nous sommes tous - à différents degrés - coupables de faire grimper ces starlettes sur des piédestaux. Le pire, c’est aussi le culte de la personnalité, orchestré par des producteurs qui adorent nous raconter la vie privée de ces quidams, dans des talk-shows, des magazines ou des biographies éditées par Gallimard, comme s’il s’agissait d’authentiques trésors.

Il suffirait pourtant d’envoyer un signal fort : cesser d’acheter la presse people, et la mener à la faillite en deux mois. Je suis persuadé que les lecteurs de ce blog ne l’achètent pas - sauf toi, là, au fond, qui ricane de honte en ce moment. Le problème, c’est que d’autres Français l’achètent, et ces Français-là sont pour moi inaccessibles. Enfermés dans un quotidien maussade, bouffés par les aliénations professionnelle - en journée - et parentale - les soirs et le week-end - ils sont convaincus que Nagui est leur rayon de soleil quotidien. Et on est là au cœur du problème : un média comme le mien ne touche que des initiés. Un média comme les Douze culs de midi touche la masse, une masse formatée pour consommer sans se poser de questions. A moins d’une révolution - je ne sais pas quelle forme elle prendra, ni même si elle aura lieu - on ne sortira pas de ces ténèbres humaines.


On craint le Meilleur des mondes et 1984, et l’on devise sur ces terrifiants avenirs de science-fiction… Mais la contre-utopie est là, diffuse - et personne ne semble rien y pouvoir faire.

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