Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Ah, oui ! Je regrette le temps où nous avons renversé la table, nous, le peuple, en 1789. La plupart des Français ont de leur Révolution l'image d'une succession d'exécutions longue de 5 ans, alors que c'est surtout la période où l'humanité a su remettre en cause, comme jamais auparavant - et jamais depuis - privilèges, injustices, despotisme et obscurantisme.


Malheureusement, la Révolution Française n'est pas allée assez loin. Il était question, par exemple, de limiter le droit de propriété : « Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l'existence, ni à la propriété de nos semblables. » Si cette conception de la propriété avait triomphé, les milliardaires n'existeraient pas et ils n'exploiteraient pas des milliards de damnés qui survivent en grattant quelques miettes tombées sur le sol. Hélas, la propriété a été sacralisée dans la Déclaration des Droits de l'Homme, ce qui nous donne, deux cents ans plus tard, ce genre d'entrepreneur scélérat.

Malheur ! Ces gens-là croient que le fruit de leur travail leur appartient à jamais, à eux qui ont eu le génie de créer une entreprise. Ils se voient sur le même nuage qu'Einstein et Léonard de Vinci, parce qu'ils ont créé une boîte de services à la personne ou de réparation de fuites d'eau. Ils refusent d'admettre que l'éducation, la protection, les soins apportés par la société à leur personne leur ont permis d'engendrer cette société, et qu'une part du mérite ne leur revient donc pas, et qu'il serait par conséquent normal de distribuer leurs bénéfices et de payer leurs impôts, sans défiscalisation, sans délocalisation et sans geignements.

Je ne parle même pas de l'héritage financier ou culturel favorable dont ceux qui réussissent ont le plus souvent bénéficié, non ! Ils sont en général incapables de le voir, empressés qu'ils sont d'affirmer qu'ils se sont faits tout seuls, pour en conclure que tout ce qu'ils ont bâti est à eux. Ils sont déjà bien gentils de faire ruisseler sur nous quelques larmes de joie.

Le pire, c'est que cette réussite financière est facile ; le mérite en est ridicule, cela ne vaut rien. L'ambition véritable n'est pas là. Je citais Einstein et de Vinci... Il faut viser haut pour arriver à quelque chose, même sans les atteindre ! Mais rêver de gagner de l'argent, franchement... L'ambition aujourd'hui, la véritable ambition serait d'empêcher le drame écologique, de refonder les rapports homme-femme, d'offrir le goût de l'éducation à tous, de remplacer l'entreprise par une structure plus saine, que sais-je encore ! Les possibilités sont légion. Fonder une entreprise et faire du fric, franchement, c'est un rêve de nabot.

Bravo à Sébastien, entrepreneur de l’année selon l’abominable magazine Capital.


Si un businessman sur mille mettait la même énergie à se préoccuper de civilisation, ce monde deviendrait en cent ans un éden.

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