Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Il y a plusieurs types de pauvreté. Et la pauvreté financière n'est pas la plus préoccupante.


Certaines personnes richissimes vivent dans la plus grande misère culturelle, et se demandent ce qui ne va pas. D'autres, jalousées pour leur réussite professionnelle, voient leurs superbes carrières finir en burn-out - « couilles dehors » en français - par misère de sens. Je vis dans une certaine forme de misère affective et sexuelle, et cela joue peut-être un rôle dans mon irritabilité. Ma cliente du jour, elle, souffre d'une profonde misère verbale.

Cette maladie est malheureusement devenue une épidémie. Elle se transmet par la télévision, vecteur essentiel de la médiocrité du langage à travers le monde. Les personnes âgées de 12 à 35 ans sont les plus touchées, en raison d'une pratique à risques : la consommation d'émissions de télé-réalité.

On dit que les tragédies de Racine ont été écrites avec 600 mots différents. Metabithla, pétasse en chef sur NRJ12, n'en revient pas : elle croyait qu'il n'en existait que 12.

Le Dr Jean-Marc Morandini, spécialiste des pathologies mentales du petit écran, est formel : il n'y a pas de traitement connu à ce jour. Le sevrage télévisuel est la seule piste de soin recommandée pour, au moins, enrayer la progression de la maladie.

Des recherches très poussées tendraient pourtant à démontrer que la lecture pourrait réactiver l'acquisition de vocabulaire. Julien Courbet et Evelyne Thomas se disent sceptiques quant à l'efficacité de cette méthode, qu'ils qualifient de « juste grave ». Benjamin Castaldi, quant à lui, pointe du doigt les effets secondaires dévastateurs des livres sur les audiences de ses émissions.

Vous l'aurez compris : il n'y a pas de consensus, et le doute profite à Touche pas à mon poste, en attendant un vaccin contre Hanouna.


Bien sûr, ce ne sont que des mots - une cinquantaine en ce qui concerne le dernier crétin cité. Mais tous les autres mots, ceux qui manquent à ses téléspectateurs, sont les idées qu'ils ne peuvent plus exprimer. Et je ne veux pas d'un monde limité à cinquante idées.

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