Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


La semaine dernière, j'ai dit deux mots de la télé-réalité. Il est temps de parler de celle qui devrait élever le niveau : la télévision publique.


Elle mérite moins de sévérité : « Cash Investigation », c'est quand même un peu plus utile que « Les vacances de Nabilla »... Mais elle mérite aussi plus d'exigence : payée par nos impôts, elle doit nous rendre des comptes, et devrait nous apporter une forme de culture et d'enrichissement. Ce n'est hélas pas le cas.

La programmation des chaînes privées est si médiocre, et les attentes du public se sont tant affaissées, que les dirigeants de France Télévision se croient forcés de suivre le troupeau, et de plonger eux aussi dans l'abîme. La diffusion de « Ce soir à la Tour Eiffel » ou « Je t'aime etc. » en sont des exemples patents, d'autant que leurs animatrices sont payées plusieurs dizaines de milliers d'euros à ne rien foutre. Je ne parle même pas de « Vivement dimanche », la grand'messe du lécheur de culs le plus célèbre de France : quel intérêt peut-on trouver à ce nanar télévisuel interminable, qui encourage mon peuple à vivre dans la servilité et l'admiration d'idoles ? Le succès de Michel Drucker est un des grands mystères de l'humanité, au même titre que l'origine de la vie ou le comportement des particules quantiques. Quant à Samuel Etienne et ses questions idiotes au public, à 75 centimes le SMS, c'est un tel degré de mépris, d'humiliation quotidienne, que j'aurais dû lui en poser encore quarante avant de démarrer, pour qu'il comprenne qu'il faut enfin miser sur notre intelligence, plutôt que sur notre cupidité.

La dernière colle de Samuel Etienne : « Vous pensez que je mériterais qu'on me mette quoi dans le cul ? »

Mais c'est fini : tous les services publics sont soumis à l'impératif de rentabilité. L'hôpital doit coûter moins cher, la police doit faire du chiffre, l'école doit former des « profils employables », la télévision doit nous abrutir pour nous vendre suffisamment de M. Propre via la pub. C'est une chute apocalyptique vers le néant, dans un pays qui pourtant, je me tue à l'écrire, est immensément riche. L'argent est mal réparti, mais il est là, sur les comptes bancaires et dans la pierre d'une poignée de possédants qui ne savent pas quoi en faire, mais préfèrent mourir avec, que de le dédier au bien commun. Rien ne justifie la politique d'austérité permanente qui nous persécute depuis 40 ans, et en faveur de laquelle aucune majorité d'électeurs ne s'est jamais exprimée.


Un Etat sans service public, c'est un Etat sans ambition. Qu'un particulier veuille s'enrichir, c'est sa quête existentielle à lui, mais que l'Etat renonce à soigner, à nourrir, à cultiver son peuple au nom de la rentabilité, c'est un contresens absurde. Où va-t-on ? La réponse n'est pas sur nos écrans.

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