Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Adolescent, j'ai écrit d'innombrables lettres d'amour. Je ne les reproduirai pas ici, par pudeur et par respect pour la gent féminine, qui serait choquée par mes audaces.


De toute façon, j'ai toujours échoué à parler de sentiments... Je ne suis pas un poète. Je réfléchis trop. Je peine à séduire. Je crois être un amant attentionné, mais encore faudrait-il... que j'en arrive là.

Je suis beaucoup plus doué pour laisser s'épancher mon cerveau, dire ce que je pense du sujet X ou de l'idée Y. Le cœur ? Ça n'a jamais été mon rayon.

En revanche, quand j'ai appris à dessiner, j'ai découvert l'âme. C'est très différent du cœur... Et beaucoup plus noble à mes yeux. L'âme n'a pas la prétention d'être un organe vital, d'avoir des valvules et des ventricules. Elle n'est indispensable qu'aux plus sensibles. L'âme n'est pas vulgairement représentée par cette forme de gros cul pointu - comme le cœur. Elle ne se dessine pas. Elle se ressent. L'âme est évidemment autre chose que ce que les théologiens y projettent, pour donner une profondeur à leurs délires de cerveaux malades. L'âme n'est que le refuge de mystères indicibles.

Quand je dessine, je commence par tracer un corps. Puis un visage, une expression, des yeux. L'âme apparaît (sauf chez certains sujets, qui n'en ont pas). Le trait s'affine, l'être de papier devient vivant - surtout quand je prends tout mon temps, comme pour ce portrait. Et ça vaut mille lettres d'amour de l'adolescent fiévreux que j'ai été.

Voilà comment je vois l’âme d’Alimatou. Prisonnière d’une image de pute comme les odalisques des peintres orientalistes étaient prisonnières de leurs geôliers…


Les fantasmes d'un peintre peuvent-ils libérer une esclave ? Nous le saurons peut-être dans les prochains épisodes. Vous êtes impatients ? Pas autant que moi.

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