Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Le monde de l'entreprise est régi par un certain nombre de règles. Je le connais assez pour savoir que ces règles sont arbitraires, injustes et impropres à permettre aux salariés de s'épanouir. Bref, merdiques.


Une de ces règles est la suivante : le N+1 - la nouille du dessus - a toujours raison, si con soit-il. Pourquoi ? Parce qu'il est au-dessus. C'est la seule source de son autorité, la justification de sa raison. En fait, c'est la version contemporaine de la loi du plus fort ; la force physique du loup est simplement remplacée par la force du statut de manadjeur. Le salarié - l'agneau - est souvent plus réfléchi, plus raisonnable, mais cela ne sert à rien : le manadjeur va s'imposer, il n'écoute rien, il sait qu'il sera toujours soutenu par sa hiérarchie dans un conflit contre ses subordonnés. C'est inique.

Le Loup et l'Agneau, dont est tirée la raison du plus fort, ça se termine comme ça. A bon entendeur...

Que pouvons-nous faire ? Comme mon ami La Boétie - je dis « mon ami » parce qu'il était le meilleur ami de Michel de Montaigne, mon ancêtre - nous devons éviter d'accorder une quelconque légitimité à la force. Voilà qui semblera très difficile aux ambitieux fascinés par l'autorité et la puissance ; mais si vous gardez votre esprit critique, vous pourrez affronter votre N+12, qui n'est qu'un homme, comme vous. Vous serez peut-être viré, mais vous garderez votre dignité (et il n'est pas exclu que vous touchiez le pactole aux prud'hommes pour licenciement abusif... après sept ans de procédure).

Il ne vous échappera pas que je cite des auteurs des XVIème et XVIIème siècles pour illustrer mes propos sur l'entreprise au XXIème. C'est un tort et je m'en excuse : je devrais citer des auteurs du Moyen-Age. Parce que l'entreprise est un système féodal. Chaque suzerain est le vassal de son maître, comme chacun manadjeur tyrannise son équipe pour se venger de la tyrannie de son propre manadjeur. L'obéissance est la règle : elle est inscrite au contrat de travail, et pousse les plus misérables à commettre des actes immoraux ou délictueux, au bénéfice de leur hiérarchie. Et puis, quand le roi l'exige, des têtes tombent.

Dans ce contexte rétrograde, je suis toujours étonné d'entendre des salariés déclarer que le droit du travail est trop compliqué et que les syndicats ne servent à rien. Que des bourgeois le clament, par intérêt, c'est logique, mais des membres de la classe moyenne ! Sans vouloir défendre les notes de frais honteuses de Force Ouvrière - surtout pas ! - je veux simplement rappeler que c'est une chance pour les salariés d'avoir un cadre juridique et des représentants syndicaux. Une faveur dont ne disposent pas les salariés des pays pauvres, les travailleurs précaires ou les auto-entrepreneurs de la nouvelle économie.


Un dernier conseil ? Sachez dire non. Ecoutez votre corps. Préservez votre âme. Ne méprisez pas votre zone de confort.

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