Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


L'extrême-droite a-t-elle vraiment changé ? En voilà, une question qui divise. Ça tombe bien, j'adore couper les cheveux en quatre (ça me donne l'impression d'en avoir plus).


Régulièrement, une partie de la gauche traite Marine Le Pen et ses électeurs de fascistes. En général, cela se produit avant une élection, ou même à l'entre-deux-tours : le moment parfait pour faire peur et pousser les gens qui manquent de convictions à voter « utile » pour un candidat ordinaire, neutre, fade, central, bref, rassurant.

  • - C'est lui ou le fascisme !
  • - Bon ben lui, alors... Mais ne nous faites pas ce coup-là tous les cinq ans !
  • - Oh, ne vous inquiétez pas : d'ici là, vous aurez oublié.
  • - Ah oui, c'est vrai : comme on n'a pas de convictions, on n'a pas non plus de suite dans les idées.
  • - Parfait !

Reconnaissez-vous cet homme ? Le meilleur candidat à la Présidence des Etats-Unis depuis des décennies... Je pense à tous les Américains qui ont « voté utile » pour H. Clinton, parce qu'elle était la seule à pouvoir battre Trump. Les cons.

Le Pen, fasciste ? Vraiment ? Les temps changent. Le fascisme, c'est la privation de liberté, l'instauration de la dictature, l'internement ou l'exil des intellectuels, la militarisation de la société, les massacres de masse. On ne peut pas décemment penser que tout cela se reproduirait à l'identique des années 1930 si Marine Le Pen était élue. Non que personne n'en rêve dans son mouvement - il en existe, des fascistes, hélas, même chez les jeunes - mais parce qu'il y a aujourd'hui davantage de contre-pouvoirs, de garde-fous, et parce que nous avons la mémoire douloureuse de fascismes récents dans l'histoire. Autrement dit, accuser Le Pen de fascisme pour faire monter Macron est un procédé malhonnête.

Marine Le Pen est-elle moins à craindre que son père, et son père moins à craindre que Himmler ? Je le crois. Mais son élection porterait inévitablement au pouvoir des éléments plus fascistes qu'elle, qui tenteraient de faire pencher l'équilibre du pouvoir de leur côté.

Les nouveaux militants du Rassemblement National sont moins racistes que leurs aînés : ils sont islamophobes. C'est l'art de la nuance... dans la continuité. La plupart sont contre le gazage des étrangers, par exemple... Mais ils sont pour les laisser périr dans leurs pays en guerre ou se noyer en Méditerranée. Ces militants sont plus doux, plus policés, plus présentables, mais au fond, c'est la même inhumanité qui est à l'œuvre, le même manque d'empathie envers ceux qui seraient « différents ». Moins de radicalité, moins de soif de sang ou d'épuration, moins de crimes potentiels ; davantage d'hypocrisie, davantage de cynisme. On ne tuera plus : on laissera mourir, comme Trump à la frontière mexicaine ou Orban à la frontière serbe. C'est plus chic.


Les temps changent, mais certaines lâchetés restent.

Newsletter :

Me soutenir :

Partager :

 |   |