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Illuminés ou islamistes ? Quartiers ou ghettos ? Réfugiés ou migrants ? Grève ou prise d’otages ? C’est selon. Tout dépend du point de vue. Comme les décomptes pendant les manifs : 3 000 000 de personnes selon la CGT, 12 personnes selon la police.

Attention ! Entre deux innocents se cache parfois un dangereux terroriste.

La grève est un pouvoir.

Que fait un patron quand il licencie ? Il exerce son pouvoir. Que fait le MEDEF quand il tente de précariser les emplois, en menaçant le gouvernement de licencier s’il n’obtient pas de subvention publique ? Il exerce son pouvoir. Les crédits d’impôts consentis aux entreprises par la droite comme par la gôche pourraient tout aussi bien s’appeler « allocations entreprises », si le pouvoir était vraiment de gauche, pour montrer qu’ils sont tout à fait semblables aux allocations sociales que la droite post-complexée déteste.

Et quand un journaliste choisit de titrer sur les migrants, huit jours de suite, en période électorale, que fait-il ? Il exerce son pouvoir. Et il en a, ce con, du pouvoir, sur les esprits peu éduqués. Et quand l’Arabie Saoudite finance l’islam radical et le terrorisme partout dans le monde, que fait-elle ? Elle exerce son pouvoir. Chacun exerce son pouvoir avec les armes qu’il a.

Et quand les pilotes d’Air France sont en grève - alors qu’ils touchent 9 000 € à 19 000 € par mois pour moins de cent heures de travail, ils ne font rien d’autre qu’exercer leur pouvoir, et on est bien plus tendre avec eux qu’avec les cheminots grévistes. Et quand un rentier fait travailler son argent toute sa vie, bien caché en Suisse ou aux Seychelles, ou même défiscalisé en France grâce aux nombreux outils légaux à la disposition de son conseiller en patrimoine, que fait-il, ce rentier ? Il exerce son pouvoir. Et quand un animateur de jeux sur la télévision publique touche 40 000 € de salaire mensuel pour une semaine de tournage, que fait-il ? Il exerce son pouvoir, et plutôt bien, puisqu’en prime, il arrive à se faire lécher le cul par des millions de ploucs payés au SMIC qui payent soigneusement leur redevance, et en prime le trouvent drôle, et sympa, et l’admirent.

Les petits salariés, eux, n’ont pas ces grands pouvoirs politiques, médiatiques ou financiers. Ils n’ont qu’un pouvoir - pour les plus chanceux ! - celui de nous emmerder avec la grève. Les moins chanceux, employés dans des entreprises privées compartimentées par leurs actionnaires de manière à affaiblir les salariés, n’ont pas le rapport de force nécessaire à une bonne grève, comme leurs frères cheminots ou pilotes. Mais puisque nous vivons dans un monde concurrentiel où chacun exerce son pouvoir pour survivre aux dépens des autres, puisque c’est la règle du jeu qui nous a été imposée - en attendant mieux - chacun exerce son pouvoir comme il peut, les plus puissants comme les moins puissants.



Alors à chaque fois qu’il y a une grève, les plus puissants devraient s’estimer heureux que les salariés ne fomentent pas de révolution, et se contentent d’exercer leur pauvre petit pouvoir. Parce que la violence est aussi un pouvoir.



Pub ! Pour lire quelque chose de plus intéressant que les anulyses du Point sur la grève, une excellentissime nouvelle de Jack London, en 20 pages : Le Rêve de Debs. C’est libre de droits, et évidemment, je n’ai pas d’actions Jack London.

Michel de La Teigne

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