Ah, les extrêmes ! Mao, Pol Pot, Staline et Philippe Poutou ! Ou Mussolini, Hitler, Pinochet et Jean Roucas… Un sac d’extrême-gauche et un sac d’extrême-droite ! C’est tellement pratique.
C’est tellement commode de manquer de nuances. C’est tellement pratique d’abdiquer de son esprit critique, et de feindre de croire que le NPA rêve d’une nouvelle URSS. C’est tellement simple de dire que les Le Pen sont des nazis… Je n’ai pas l’habitude de les défendre, mais rendons-leur au moins justice en reconnaissant qu’ils sont moins prétentieux que la bande à Adolf.
A qui profite le crime ? Qui se gausse de qualifier tout ce qui est à sa gauche et à sa droite d’extrêmes, pour mieux régner ? Le centre, évidemment. L’extrême-centre, pourrait-on même dire, du PS aux Républicains, en passant par leur chantre, l’empereur du capitalisme passif-agressif, le rempart du statu quo : Macron.
En taxant d’extrémisme toute idée subversive, la bien-pensance libérale disqualifie la moitié du peuple. Hélas ! L’autre moitié accourt. Ses esprits faibles se laissent aveugler et croient dur comme fer que tout ce qui sort du cadre est extrémiste. La langue française ne manque pourtant pas de vocabulaire, et les médias s’honoreraient à bannir les expressions « extrême-droite » et « extrême-gauche » de leur lexique.
Comment qualifier la première ? L’adjectif « nationaliste » me semble le plus judicieux. Ces gens-là revendiquent eux-mêmes leur nationalisme. Pourquoi le leur refuser ? Ils ne se rendent pas compte que le nationalisme est un égoïsme et qu’il manque d’humanisme, mais enfin, je préférerais qu’on les nomme ainsi, et non « l’extrême-droite », qui ne veut rien dire. Après tout, Macron est extrêmement de droite économiquement : pourquoi bénéficierait-il de la clémence des médias qui nomment ses idées ?
« L’extrême-gauche », quant à elle, ne mérite pas non plus ce sobriquet. A titre personnel, lutter contre les inégalités sociales ne me semble pas être une attitude extrémiste, mais au contraire constructive. Le faire de manière radicale est un choix pragmatique. Aussi, j’aimerais que soit réhabilité le beau mot de « révolutionnaire » ; être capable de faire un tour sur soi-même — une révolution — pour se remettre en cause et prendre de meilleures décisions, voilà l’honorable sagesse de la gauche véritable.
Cessons d’appauvrir le débat en qualifiant les uns et les autres d’extrémistes ; reconnaissons à toutes les idées le droit d’exister, d’être défendues et combattues. Le combat politique se mène pied à pied. Décrédibiliser ses adversaires avec des étiquettes ne résout rien, et maintient le marché au pouvoir.