Galerie Toutes les histoires Qui suis-je?


Depuis l’avènement de Jésus — et sans doute auparavant — l’humanité cède aux sirènes bruyantes et trompeuses du messianisme, ce désir d’un demi-dieu qui nous sauverait… Toute l’humanité ? Non ! Un petit nombre de gaulois réfractaires résiste encore et toujours grâce à sa potion magique : l’esprit critique. Mais combien de temps tiendrons-nous ?


Car le messianisme atteint des sommets, porté par la toute-puissance des médias et le désespoir des foules. Dans tous les domaines, nous attendons d’être sauvés. Les avachis du sport télévisuel célèbrent l’arrivée de M’bappé ou attendent l’ixième titre de Djokovic comme si leur vie allait en être bouleversée. Les vedettes des chaînes d’info se mettent en scène comme les sauveurs de l’information, et certains de mes collègues taxis les admirent à longueur de journée… On pourrait en dire autant dans tous les champs de la célébrité : Nabilla, Cyril Lignac ou Jean-Luc Reichmann sont les messies de millions d’anonymes. Mais là où le messianisme est le plus gênant et le plus grossier, c’est en politique.

Notre régime politique étouffe sous l’incarnation personnelle du pouvoir. Croit-on vraiment qu’Hollande, Sarkozy ou Macron aient individuellement influencé l’histoire ? Ils appliquent la même politique, à 1% de racisme ou de cynisme près. Les détails individuels – talonnettes et scooter - ne sont que de l’écume. Ces messies de campagnes présidentielles qu’adulent des militants écervelés n’ont pas d’étoffe.


Cette affiche traînait sur les réseaux sociaux la veille de l’invasion. Y croient-ils eux-mêmes, franchement ? Faut-il être bêêête…


Les vrais héros sont ailleurs, vous vous en doutez. Leur œuvre dépasse leur personne et c’est ce qui les grandit. Typiquement, il ne me viendrait pas à l’idée de lécher les pieds de Jack London si je le rencontrais dans le Grand Nord. En revanche, à chaque fois que je le lis, je suis traversé, chamboulé par ses mots, ses idées, sa vision de l’homme, de la nature et de la vie. C’est là qu’est l’héroïsme.

Est-ce que Jean-Jacques Bourdin, Eric Zemmour ou Rafael Nadal ont produit une œuvre digne d’une telle attention ? Non. Ils n’ont rien fait d’important à l’échelle de la civilisation. Et pourtant, ils sont portés en statues, idolâtrés tels le veau d’or de la Bible.

Tous ces nains qui se mettent en avant dans les médias (comme Patrick Bruel qui fait payer ses leçons de créativité dans des tutos vidéo…) n’ont que leur personne à vendre, et si leur personne dépasse leur œuvre, c’est parce que leur œuvre est minuscule. Il faut rechercher les femmes et les hommes dont l’œuvre dépasse la personne, que cette œuvre soit une œuvre artistique, politique ou humanitaire… Puis il faut oublier ces personnes et apprécier leur œuvre. L’œuvre politique de Che Guevara est plus essentielle que son visage, reproduit à l’infini sur des t-shirts chinois jusqu’à faire passer ses fans pour des militants de pacotille, compatibles avec la consommation de masse.

Cessons d’idolâtrer les hommes. Admirons les œuvres. Que les partis politiques cessent de personnaliser à ce point le pouvoir ! Le phénomène a pris de telles dimensions que l’identité de ces pantins se réduit parfois à une initiale : "la France qu’on M" de Marine Le Pen, En Marche (EM) d’Emmanuel Macron, la Génération Z de Zemmour. Las ! Leurs idées sont aussi courtes qu’une lettre de l’alphabet.


Les seuls qui n’ont pas osé nous imposer le charisme personnel de leur candidate, ce sont les Républicains. En même temps, on les comprend.

 

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