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Je tiens à remercier tous les lecteurs qui m’ont conseillé de l’inviter à dîner. Vraiment, du fond du cœur : merci les filles, merci les gars. Quel succès. Vous êtes fiers de vous ?
Je ne comprends pas où j’ai merdé. Ai-je été trop direct ? Trop hésitant ? Aurais-je dû la flatter d’abord, tourner autour du pot ? Je ne comprends pas.
Je ne vois que deux possibilités.
La première : le problème ne vient pas de moi. Il vient d’elle. Enfin, je ne lui reproche rien, elle est parfaite à mon goût ! Mais ses années de prostitution ont peut-être modifié sa sensibilité à la séduction… Est-ce qu’à chaque fois qu’un homme s’adresse à elle, elle s’imagine que c’est pour la baiser ? Est-ce que nous - les humains à bites - sommes tous des prédateurs à ses yeux ? J’espère que non. Moi, je suis parfois dur, insensible, blindé contre les sentiments comme une tortue des Galápagos… Mais je l’ai bien cherché, en envoyant tartir le reste du monde depuis cinquante ans. Elle… Je suppose qu’elle doit affronter des lourdauds, des affreux, des pervers et des fétichistes à longueur de journée, alors oui, peut-être qu’elle ne sait plus être aimée… C’est terrible. Si c’est ça, j’aimerais l’aider, et puis l’aimer. Pardon, je m’emporte : vous allez croire que j’ai un cœur. Oubliez ça.
Deuxième possibilité : je ne lui plais pas, et je ne lui plairai jamais. Pourtant, elle m’a dit que j’étais gentil, et la dernière fois qu’on m’a dit ça, c’était ma mère en 1967… Après, à 8 ans, j’ai viré cynique.
J’espère vraiment que je pourrai lui plaire un jour. Donc j’espère que son cœur est anesthésié, et que j’ai une chance de l’atteindre d’ici 2050. Parce que si elle me trouve moche… Ça ne risque pas de s’arranger, avec la soixantaine qui approche.
C’est très cruel de ma part, de souhaiter qu’elle soit dans le premier cas plutôt que dans le second. Pas étonnant : l’amour est la chose la plus cruelle au monde.
Michel de La Teigne